Pas pour les déprimés
Une vie entre deux océans, M.L Stedman
Ce roman m'a été recommandé par Benoit, grand amateur de littérature anglo-saxonne. Je suis moyennement attirée par ce genre (désolée Christophe-le-Libraire) parce que j'ai un peu de mal avec les scènes d'exposition qui s'étalent sur des dizaines de pages où je finis par me demander quand commence réellement l'action.
Ce roman en trois parties ne faillit pas à cette règle : on fait connaissance de Tom Sherbourne, rescapé de la boucherie de la Première guerre Mondiale en France de retour en Australie. A son arrivée, il fait la connaissance à d'une jeune fille avant de se rendre sur l'île de Janus où il prend son poste de gardien de phare. Plusieurs mois plus tard, à la faveur d'un retour sur le continent, il revoit la jeune fille et commence une relation épistolaire... et forcément ce qui devait arriver, arrive : bientôt les noces sont célébrées. Bon, on est quand même à la page 82 quand (enfin) Isabel débarque sur Janus. Il faut encore compter une trentaine de page pour terminer la première partie et envisager un début d'action. Les personnages sont bien installés dans l'histoire : Tom campe un fonctionnaire de l'Etat consciencieux, méticuleux, prête à tout pour rendre sa femme heureuse. Mais Isabel, jeune femme résolue, amoureuse de son mari ne parvient pas à devenir mère, et quand elle perd son premier enfant à quelques mois de grossesse, tous ses espoirs s'effondrent.
La seconde partie reprend l'histoire quelques années plus tard. Isabel a perdu deux autres bébés et une routine triste a envahi le phare. Mais une barque échouée avec à son bord le cadavre d'un inconnu et un nouveau-né vagissant bouleverse la vie des Sherbourne qui met Tom devant un choix impensable : signaler l'incident à ses supérieurs ou combler celle qu'il aime ?
A partir de ce moment, impossible de lâcher ce livre.
J'ai vécu les états d'âmes des différents personnages au fil des pages : le bonheur, la culpabilité, le désespoir, l'amour, la haine, l'angoisse, le réconfort... Et avec eux le grand huit émotionnel.
C'est un roman qui m'a fait pleurer tant l'identification aux personnages a été fort pour moi (chacun son histoire...) dont je garde une certaine mélancolie. Ce n'est pas un livre gai, ni un feel-good si plébiscité en ce moment. Non, c'est un roman sur une période historique d'après-guerre, ou plutôt d'après traumatisme où les survivants ne se sentent plus légitimes de vivre. Le héros, Tom, se débat contre sa culpabilité pour survivre, puis essayer de vivre. Ce n'est pas un roman d'espoir, mais plutôt un témoignage tragique. Magnifique, comme la vie quoi qu'on en fasse...
Pour info, il a été adapté au cinéma en 2016 :
